Vers une scénographie ouverte

Okoni
4 min readJan 19, 2018

Etymologiquement, le terme scénographie nous renvoie à son essence profonde, celle de la théâtralité de l’espace et de sa mise en scène.

C’est une histoire d’écriture de l’espace, de composition et d’ambiances.

Couleurs, lumières, volumes, formes, textures.

Un dialecte complexe.

Aujourd’hui, la scénographie prend un sens plus large et s’étend à tous les lieux que nous fréquentons. Elle est omniprésente. Dans les rues des villes, les restaurants, les cafés, au supermarché ou dans les musées.

C’est une métamorphose consciente de l’espace. Un jeu volontaire.

Un jeu, oui. Mais dans quel but ?

Chez OKONI, la scénographie est désormais un outil majeur qui accompagne nos processus d’innovation et de création au sein des entreprises ou des instances publiques.

Cette scénographie n’est pas à considérer comme un emballage, une façon d’enjoliver, de détourner l’existant ou de créer un décor fictif qu’il faudrait simplement contempler.

Bien au contraire, c’est selon nous une démarche pédagogique active.

Scénographier, c’est une manière originale et évolutive de transmettre et de valoriser un ensemble de savoirs. Ces savoirs, ce sont ceux que nous avons pu recevoir lors de nos immersions sur le terrain exploré. L’espace vécu. Ce pour quoi nous créons.

Emporter un bout de réel, le faire exister ailleurs

Lorsque nous parlons d’innovation, d’usagers ou d’expérimentations, c’est à partir de l’existant que nous cherchons à projeter.

Notre ligne de mire, c’est le réel.

Tout converge, dans notre pratique quotidienne, pour l’atteindre au plus vite et le faire parler.

Etre situé, toujours contextuel.

Envisager des perspectives communes, c’est avant tout s’inscrire dans un actuel commun, ensemble, l’observer et le comprendre. Il faut saisir les attentes, les besoins et pouvoir les quantifier. Il faut aussi aller plus loin. Parler de rêves, d’aspirations.

Ce contexte, il faut se colleter avec lui ou l’embrasser. L’avoir avec soi, partout, tout le temps.

Faire avec.

Alors, les outils scénographiques nous permettent de façonner un décor. Un décor propice à la création. Un décor fait des quelques indices glanés ici et là sur notre terrain d’exploration où nous invitons l’ensemble des visiteurs à proposer des idées nouvelles et réinventer ensemble leur quotidien. Savoir improviser avec ce que le décor nous dit, ce qui est déjà là.

« Le lieu, c’est l’espace pratiqué » Michel de Certeau, L’invention du quotidien

Cette approche naturaliste de la scénographie nait d’une volonté de valoriser les usages et le quotidien au cœur de nos démarches. Toujours pouvoir y revenir, ne jamais trop s’en éloigner, écarter les idées reçues, les pensées toutes faites et les existences fantasmées.

Pour immerger les visiteurs dans un parcours d’apprentissage et de transmission, nous retranscrivons, petit à petit, et avec l’ensemble des parties prenantes, des espaces vécus, des lieux qui puissent être appropriés par tous, imaginés et reconstruits mentalement.

Ces expositions apprenantes ne privilégient aucun média.

Elles utilisent l’image, la parole, le son et le digital pour emporter avec elles un bout de réel et tenter de le faire exister ailleurs.

Elles sont une possibilité pour chacun d’élever son niveau de connaissance et d’empathie sur l’environnement étudié.

Scénographie participative et ludique

Parce que nous revendiquons une primauté du faire et la capacité de chacun à « penser avec les mains », nous favorisons la mise en place d’espaces d’exposition qui puissent être manipulés, traversés, piétinés, touchés et ressentis par tous.

Leur architecture n’est pas lisse ; elle est faite de recoins, de détours et d’aspérités.

Nous y revenons. L’exposition doit devenir et rester un terrain de jeu et d’apprentissage.

Elle doit nous prendre, nous montrer ce que nous ignorons et faire appel à nos sentiments, nos instincts.

Il faut se baisser, soulever, chercher un peu et découvrir. Il faut regarder, une fois, deux fois, regarder mieux et découvrir encore.

La scénographie est ludique. Elle nous met face à nos erreurs et nous invite à prendre des risques.

Un processus collectif

La scénographie a toujours entretenu des liens historiques et traditionnels avec l’architecture.

Le travail des éclairages et du son a été progressivement ajouté au mélange parce que la technologie permettait de les maîtriser et de les reproduire, tout comme les décors et les costumes.

Ainsi, quatre disciplines distinctes mais interdépendantes entrent aujourd’hui en jeu dans la production scénographique.

Si, bien entendu, le metteur en scène garde toujours son mot à dire ; l’aspect visuel et le caractère de la production scénographique est, en fin de compte, le fruit d’un processus de création collectif.

Chez Okoni, comme dans beaucoup de théâtres européens contemporains, cette idée d’un comité de concepteurs pluridisciplinaires fait sens, car aucun membre n’est cité à titre individuel dans le programme du spectacle, et la scénographie reste signée par le groupe, tant le travail de chacun résulte et influe sur celui de l’autre.

Et même s’ il faut toujours être en mesure de bien orchestrer, d’échanger les rôles et les tâches à un moment donné, notre vision de la scénographie souhaite encourager cette pluralité permanente.

Par l’utilisation de la scénographie, nous tentons de gommer les différentes frontières entre experts et béotiens.

Selon nous, c’est une manière de construire ensemble l’intelligence collective.

Manuel Aldeguer, Architecte Designer chez Okoni

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Okoni

Nous sommes une équipe de création multidisciplinaire. Nous prônons pour une approche du design plus humaine, plus éthique et plus proche des gens.